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1996.
On l'appelais la Suisse de l'Afrique occidentale. Les nanas benz, ces
femmes qui avaient fait fortune dans le commerce des tissus, s'offraient
comme signe de reconnaissance, des voitures Mercedes Benz, et les mettaient
à disposition du gouvernement lors de la réception de
chefs d'Etats.
C'était avant 1994. Depuis, la dévaluation du franc CFA,
et la répression sanglante qui a suivi la contestation de l'élection
de l'actuel président a déclenché une grève
générale d'une année et a ruiné le pays.
Aujourd'hui, les nanas benz roulent en vélo, le pays a disparu
des brochures touristiques et la réconciliation entre l'ethnie
du nord, au pouvoir, et celle du sud, qui l'a perdu n'est pas évidante.
J'etais au togo en 1995 et c'est la que pour la première fois
j'ai ressenti la froideur de l'acier du canon d'une mitraillette sur
le ventre. La couleur de ma peau, le dialogue et la compréhension
des soldats sur le sort qui leur serait réservé s'ils
appuyaient sur leur gâchette m'a permis de poursuivre ma route.
C'est la aussi que j'ai appris que le fils M et une poignée de
notables français, étaient propriétaires d'une
bonne partie des ressources agro-alimentaires du pays et qu'un laboratoire
pharmaceutique suisse pillait les dernières richesses de l'Afrique,
en payant généreusement 50F un étudiant en biologie,
pour une thèse sur les plantes médicinales. Et après
on s'étonnera que certain deviennent des terroristes...
La faune avec les grands mammifères a complètement disparu
et le peu qui reste est maintenant traqué par ceux qui fournissent
les sorciers en grigris de tous genres.
Au nord du Togo il existe quelques magnifiques villages troglodytes,
mais difficile d'y accéder. Les togolais sont rudes mais accueillant
et ils ont besoin de nous pour survivre et oublier les fausses promesses
de certains français.
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